Histoire

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Histoire du monument

Chef-d’œuvre technique d’Auguste Lucien Vérité, l’horloge astronomique de Besançon est un mastodonte de 5 mètres de haut et de 2 tonnes, alliant recherche technique et poésie. Envie de percer les secrets de cette horloge pas comme les autres ?

Les horloges astronomiques

On parle d’horloge astronomique lorsqu’une horloge fournit, en plus de l’heure, des indications en lien avec l’évolution du ciel, comme les positions relatives du Soleil et de la Lune, du Soleil par rapport à l’écliptique, des constellations du zodiaque...

Un tel instrument peut aussi donner des informations cycliques comme la durée du jour et de la nuit, l’âge et la phase de la lune, la date des éclipses, de Pâques, des marées, des solstices, l’heure solaire, une carte du ciel…

Leur existence est avérée depuis l’Antiquité (comme en témoignent la machine d’Anticythère en Grèce ou la Tour des Vents à Athènes) mais il faut attendre le XIVe siècle et les innovations du mathématicien Richard de Wallingford pour que l’appellation apparaisse.

Avec ses 30 000 pièces, ses 60 cadrans affichant pas moins de 122 indications toutes interdépendantes, l’horloge de la cathédrale Saint-Jean répond bien à cette définition.
 

Horloge installée dans une salle des parties basses du clocher, avant restauration

© Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux

Une mécanique bien huilée

Classée Monument Historique en 1991, l’horloge astronomique de la cathédrale Saint-Jean de Besançon est conçue et réalisée par l'horloger-mécanicien Auguste-Lucien Vérité de 1858 à 1860 à la demande de l’archevêque Matthieu. Deux ans de travail et trois ans de finitions ont été nécessaires.

Installée dans une salle des parties basses du clocher, c’est le point central d’un très important mécanisme. Elle garantit le fonctionnement des cadrans horaires extérieurs et intérieurs de la cathédrale ainsi que de deux cloches comtoises.

En plus d’indiquer une multitude d’informations et d’assurer la sonnerie des offices religieux, l’horloge astronomique est aussi une horloge publique, c’est à dire qu’elle sonne les heures et régule la vie sociale de la ville de Besançon. L’horloge est répartie sur six niveaux, soit une hauteur totale de 27 mètres.

Véritable chef-d’œuvre d’ingénierie, l’horloge agit comme le cœur battant du clocher. De l’intérieur du buffet se déploie toute une série de tringlerie (tiges de fer) qui transmettent les mouvements aux aiguilles des cinq cadrans et font sonner les cloches du dernier niveau. Un système de renvoi d’angle et de transmission mécanique orchestre minutieusement cette synchronisation.

Elle est constituée de plus de 30 000 pièces mécaniques et présente 122 indications toutes interdépendantes, dont les heures à vingt endroits différents du monde, le nombre d’éclipses lunaires et solaires, les saisons ou encore plus original pour Besançon, les dates et heures des marées !

Horloge astronomique, dos, mécanisme interne

© Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux

Deuxième essai !

Effectivement, une première horloge astronomique a été installée par Constant Flavien Bernadin entre 1851 et 1857 mais son fonctionnement bien trop complexe et très souvent défectueux fait qu’elle est très vite abandonnée.

Dès 1857, l'archevêque Matthieu demande à Auguste-Lucien Vérité, célèbre maître horloger de Beauvais en Picardie, de concevoir une nouvelle horloge astronomique.

Sculptée et dorée à l’or fin, elle impressionne tant par sa beauté que par l’ingéniosité de son mécanisme. Auguste-Lucien Vérité a déployé tout son savoir-faire dans cette réalisation. C’est également une vitrine de la recherche technique du XIXe siècle.

Horloge astronomique, dos, mécanisme interne

© Benjamin Gavaudo / Centre des monuments nationaux

Un chef-d’œuvre fragile

Depuis plusieurs décennies, l’horloge astronomique rencontre de fréquents problèmes et a été souvent à l’arrêt.

La DRAC de Bourgogne-Franche-Comté a pris la décision en 2021 de demander une étude sur son état de conservation pour pouvoir prendre des mesures garantissant sa préservation. Depuis cette date, elle est en repos forcée et sera prochainement restaurée.

Cette restauration s’annonce complexe car l’horloge n’est pas automatisée et il faut réussir à faire repartir les moteurs avec les calculs prévus depuis plus de 150 ans. Par exemple, celui de la Révolution Chaldéenne dont Auguste-Lucien Vérité avait prévu que ce cadran effectuerait sa révolution (c’est-à-dire son premier tour complet de cadran) en 2400 !

Envie d’explorer en détail ce système ingénieux ? Et si on s’intéressait au bloc central ?

Horloge astronomique, face latérale et arrière

© Alain Lonchampt / Centre des monuments nationaux